CENTRE DEPARTEMENTAL D'HISTOIRE DES FAMILLES
Création originale du Conseil Général du Haut-Rhin


Muller

Cette présence est bien compréhensible quand on sait qu’il s’agit là d’un nom de metier, en l’occurrence celui de meunier. Or, chaque village avait un ou plusieurs moulins, et donc un ou plusieurs " Müller ". Le moulin a été pendant très, longtemps la seule " industrie ", la seule force motrice en dehors de la traction animale. Chaque petit ruisseau était mis à contribution. Les autorités, conscientes de l’importance de cette technique, ont très tôt usé de leur droit de monople pour s’en approprier les bénéfices et imposer de nombreuses taxes, comme celle sur les chutes d'eaux.En " vieille France " cette profession également très répandue a donné naissance aux nombreux Meunier, Munier, Musnier et variantes. Certains ont latinisé le patronyme que l’on retrouve alors sous la forme Molitor.

LES ANCIENNES SOUCHES

Presque chague localité possédait sa famille Muller, souvent orthographiée Miller du fait de la prononciation locale. A Colmar en 1399, Henin Müller est échevin de la ville (publications des Arch. de la ville de Colmar). Dès 1348 Egelof Müller possédait des biens à Jebsheim (Urkun-denbuch de Ribeauvillé). En 1421, Hense-lin Müller doit fournir deux journées de charroi comme corvée (Urkundenbuch de Rouffach).

A Soultz, Oberlin Müller était meunier de la commanderie de Saint-Jean en t409 (Livre d’Or de Soultz). On pourrait multiplier ainsi les exemples. Mais attachons-nous davantage aux Müller du Sundgau.

LE MAIRE D’UFFHEIM

Uffheim, qui a la particularité de posséder de nombreux moulins sur son ban, comptait aussi des familles Müfler parmi ses habitants. L’un d’entre eux, Frédéric Mül-ler, était maire d’Uffheim à la fin du XVII siècle. A ce titre il se vit attribuer, contre espèces sonnantes et trébuchantes, des armoiries par le cabinet d'Hozier. D’après l’Armorial de la Généralité d’Alsace il portait " d’argent à une roue de moulin de sable en cceur, adextrée de la lettre F de gueules et senestrée de la lettre M de même ". Ce sont ce que l’on appelle communément des " armoiries parlantes " car elles font référence à l'étymologie du patronyme. La roue à aube du meunier est très fréquente dans les armoiries, elle sert aussi de marque tenant lieu de signature dans les actes officiels.

Les Muller sont aussi bien représentés à Sierentz, siège de la paroisse dont dépendait Uffheim. A tel point qu’en 1701, lors du mariage entre Jean-Georges Miller et Barbara Miller, il fallut demander àl'évêque une dispense pour consanguinité du troisième au quatrième degré. Ces dispenses, alors assez fréquentes, sont souvent fort utiles au généalogiste pour prouver une parenté ou " gagner " un maillon dans la chaîne des ancêtres. Dans l’acte de mariage cité, Frédéric Mütler signe en tant que témoin. A côté de sa . signature, il précise sa fonction : meyer ou maire du village.

SIERENTZ ET ENVlRONS

Les registres paroissiaux prérévolution-naires de Sierentz mentionnent les fiançailles, en juillet 1700, de Bourcard Mülfer originaire de Steinbrunn-te-Bas, et Véronique Hosster. A Geispitzen également, vivait une famille Mïiller. En 1717, fut rédigé l’inventaire de la succession de feu Verène Desserich au profit de son veuf Jean-Georges Müller bourgeois du lieu et des enfants Eberhard du premier mariage de son épouse (bulletin Bergha).

De Geispitzen était originaire Jacques Müller qui fit partie des nombreux Alsa- ciens réfugiés à Bâle pendant l’année de guerre 1676. Ajoutons enfin que le registre des fondations d’anniversaires du chapitre rural " intercolles " dont Sierentz était le centre, mentionne au XVI siècle la fondation faite en mémoire de henri Müller et ses deux épouses Agnès et Marguerite, ainsi que celle faite en mémoire de Georges Müller et son épouse Marguerite.

A SARTENHEIM ET BLOTZHElM

Une famille de notables du nom Müller vivait à Bartenheim. Béat-Jacques Müller était avocat au Conseil Souverain d’Alsace ainsi que prévôt de Bartenheim. De par son mariage avec une Schwinden hammer, il eut un fils, Jean-Baptiste Cyriaque, qui se destina à la prêtrise. Né en 1767 à Bartenheim, ce fils est ordonné prêtre en 1790. Vicaire de son village natal il dut s’expatrier pour ne pas avoir à prononcer le serment révolutionnaire. De retour en 1800, il décéda l’année suivante. Blotzheim semble avoir été également le siège d’une famille Mülter bien représentée. En 1676, toujours dans le document nominatif des réfugiés alsaciens à Bâle (publié par la société d’Histoire de Huningue) nous trouvons comme venant de Blotzheim : Hans, Jacob, Claus et Heini Müller. L'implantation de cette famille remonte au delà de la guerre de. Trente Ans. En effet, en 1623, Jean-Georges Müller de Blotzheim achète un jardin aux nobles Jean Ulrich et Guillaume de Reinach-Steinbrunn (inv. des archives de la famille de Reinach)

 

Après avoir fait un tour d'horizon des anciennes implantationsdu nom en Haute Alsace, et après s'être attardé un peu sur les MULLER du secteur de Blotzheim, nous poursuivons aujourd'hui le périple sundgauvien à la recherche des anciennes famillesMULLER.

Les MULLER à Landser et environs

Le registre de 1534 indiquant les fondations de messesanniversaires du doyenné de Sierentz, déjà cité, nous apprendque Landser était le siège d'une famille MULLER. On ydécouvre ainsi Henni MüLLER et son épouse Anna, tout commeAnnen MüLLER et son époux Hans JEGER. Ce bourg de Landserdonnera naissance, en 1740, à Jean-Henri MULLER futur curé deBiltzheim. Ne voulant pas prêter le serment révolutionnaire,il fera partie des nombreux prêtres émigrés pendant laTerreur. Son oncle, François-Henri MULLER, avait étéchapelain à Rouffach.

A Steinbrunn-le-Bas vivait au début du XVIème siècle lafamille de Wernlin MüLLER dont l'épouse se prénommait Elsa.Leur fils Hans était appelé "Hans der Jung", sans doute pourle différencier d'un autre Hans MULLER vivant à la même époqueet au même lieu. Le volume des fondations dont il est questionplus haut comporte aussi une mention, non datée (probablementfin XVIème), concernant la famille de Morand MÜLLER etMargreth son épouse. Cette mention est intéressante car ellenous indique que la fondation de messe se fait tant pour lecouple et leurs enfants (Hansen, Andres, Calixt, Niclaus,Petter et Elsin) que pour le frère du fondateur, BernhardMÜLLER et son épouse Elsin. Enfin, en 1573, Christen MÜLLER,toujours de Steinbrunn, est mentionné dans les registres decens conservés aux Archives de la ville de Mulhouse.

Les MULLER sont de même présents au XVIème siècle à Kappelen,Rantzwiller, et au siècle suivant à Magstatt-le-Haut, Niffer,Hésingue et Michelbach-le-Bas où Adam MULLER, maire du village, possédait ses propres armoiries.

Mulhouse et sa couronne

Le boulanger Caspar MULLER est cité dès 1505 à Mulhouse, et,vingt ans plus tard, nous connaissons Hans et Martin MÜLLER.

En 1516 Alexandre MÜLLER habite Eschentzwiller, et en 1523Jšrg (Georges) MÜLLER est installé à Zimmersheim. Le laboureurClaude MÜLLER, né vers 1626, nous est connu grâce au dénombrement de 1659.

A Riedisheim les MüLLER sont présents dès 1505 (Lorentz). AuXVIIème siècle une autre branche MÜLLER s'implante en ce lieu,venant de Guebwiller. Dornach, dont les anciens registres ontfait l'objet d'un inventaire, abritait la famille de JacquesMÜLLER exerçant la profession de fossoyeur en 1621. Il eutsans doute fort dans les années qui suivirent (guerre deTrente Ans). A Rixheim les travaux d'André KIENER permettentde voir l'importante de l'implantation des MÜLLER (près d'unevingtaine de mariages où l'époux est un MÜLLER avant laRévolution). Les porteurs de ce nom sont d'ailleurs trèsanciens puisque, dès 1594, Jacques MÜLLER le boulanger habitele village.

Le long de l'Ill

A Illfurth, grâce au travail de dépouillement des mariagesréalisé par M. et Mme POMMIER, nous apprenons que les MÜLLERsont déjà implantés en 1599 (mariage de Laurent avec uneKNECHT de Heidwiller). Mais la monographie réalisée surl'histoire du village mentionne dès 1561 la présence de sixfamilles MÜLLER. A Illfurth, comme dans toute la HauteAlsace, le repeuplement de l'après-guerre des Suédois se fiten grande partie grâce à l'immigration suisse. En 1654 UrsMULLER de Balstahl (canton de Soleure) épousait à Illfurth unecompatriote du canton de Lucerne.

Walheim et Tagolsheim abritaient plusieurs familles MULLERcomme celle de Paul qui avait épousé en 1694 la fille du maireHARNIST de Walheim. L'état nominatif des corvéables de l'année1698 ne comporte pas moins de 15 familles MÜLLER vivant dansla seigneurie d'Altkirch, dont celle de Marc à Altkirch même.Ce dernier sera inhumé dans le cimetière St Morand en 1702,cimetière qui recevra 25 ans plus tard le corps du tailleurd'habit Joseph MÜLLER, immigré suisse.

D'Aspach, Jean MÜLLER, veuf, ira en 1777 à Feldkirch épouserune veuve de Bollwiller.

A Heimersdorf on retrouve plusieurs familles MULLER dontl'abbé BEHRA a dressé les arbres généalogiques en 1908. DeHirsingue sera natif le curé Jean Jacques MULLER, chargéd'âmes de la paroisse de Mittelbergheim au début du XVIIIèmesiècle (L.KAMMERER, répertoire du clergé d'Alsace).

Hirsingue fut le théâtre d'un épisode tragique de laRévolution. Peter MULLER, garde-forestier, poussé parl'ardeur vindicative des paysans, aida à l'attaque et au sacdu château de Hirsingue en juillet 1789. Mal lui en pris,recherché, il se réfugia chez sa soeur au moulin deHeimersdorf où il fut pris par les soldats. Condamné à mort ilfut de suite exécuté (voir à ce sujet le récit de FUESS, dansson ouvrage "Die Pfarrgemeinden ..." paru en 1879, ourageintrouvable que Jean-Marie LIDIN à eu l'heureuse idée detraduire en 1990).

Dans le vallon latéral du Thalbach, le curé BEHRA, toujourslui, avait réalisé la généalogie des familles MULLER qui yvivaient. En complément mentionnons le contrat de mariage,passé en 1677, entre Hans MÜLLER immigré suisse de Lauffen, etEva WETTER de Hausgauen.

A l'ouest d'Altkirch

Ammertzwiller possédait sa famille MÜLLER, venant deTraubach. Burnhaupt aussi abritait des MULLER dont un rameause fixera à Hagenbach. Le cimetière de ce village conservaitl'ancienne pierre tombale de la fille d'Antoine MULLER,décédée en 1812 âgée de seulement 16 ans. Le dénombre de 1659fait appara"tre des MULLER non seulement à Burnhaupt etTraubach, mais aussi à Berrwiller, Dannemarie et Retzwiller.

La vallée de la Largue

Altenach, qui a bénéficié d'un des premiers relevésinformatiques d'actes anciens, a vu le baptême de 20 enfantsMULLER entre 1649 et 1745. Une des souches venait de lalocalité voisine de Friesen, où Jean MULLER possédait, en1698, son attelage de charrue composé d'un cheval et deuxboeufs. Les autres localités de la vallée renfermaient aussi,dès le XVIIème siècles, des familles MULLER (Jean à St Ulrich,Martin à Strueth, Léonard à Bettendorf, Alphonse à Henflingenetc..).

Les verriers MULLER

Venant du secteur des vallées boisées et abruptes du versantNord du Weissenstein au canton de Soleure, de nombreuxverriers suisses sont à l'origine des verreries alsaciennes.Les MULLER ont joué un rôle important dans la création desverreries situées sur le pourtour du Glaserberg près Winkel.Urs MULLER, dont le nom avait été latinisé en MOLITOR,épousait dès 1666 à Ligsdorf une RINGLER (travaux de M.EmileRUETSCH). Les MULLER de Ligsdorf donneront d'ailleurs deuxprêtres à l'Eglise : Maurice, né en 1745 à Ligsdorf, curé deRimbach-Zell, et Nicolas. Ce dernier, natif de la Suisse, serale premier curé de la paroisse de Bendorf-Ligsdorf après laguerre. Il n'est probablement pas étranger à l'implantationdes verriers MULLER en cette contrée. Il portait, commearmoirie, "d'argent à un calice de gueules, accosté de deuxlettres N et M de sable".

A Lucelle Georges MULLER habitant aux verreries, est mentionnédans les registres paroissiaux en 1693 (travaux de MichelSCHMITT). Ces verriers MULLER sont aussi à l'origine del'essor de la verrerie de Wildenstein au fond de la vallée dela Thur (voir notice sur la famille MULLER de la vallée deThann parue dans L'Alsace du 18 mai 1990,édition de Thann).

Le secteur de Leymen

Des MULLER ont habités LEYMEN depuis fort longtemps. En 1777Joseph MÜLLER y était bourgeois et maitre charpentier. Ilavait épousé une BERTHELE de Lienbenswiller.

A Liebenswiller vivaient en 1675 Jean MULLER le prévôt de lalocalité, et son épouse Marie DOPPLER. Leur petit garçonsouffrant d'une grave hernie, ils invocaquèrent l'aide deNotre Dame de Mariastein. Leur supplique fut entendue et lepetit garçon fut miraculeusement guéri.




SOURCE: http://www.telmat-net.fr/~cdhf/index.html